jeudi 2 avril 2009

Le Slam en questions

Chronique d’un slammestre
André Marceau

Le jury à la barre des accusés ! (?... – !)

D’abord rappelons que :
1- un Slam de poésie est une partie mettant en jeu des slameurs qui font compétition afin d’obtenir la faveur du jury formé de 5 personnes choisies parmi les spectateurs ;
2- à la fin de la partie, il y a un gagnant.
[Pour connaître les règlements par lesquels se définit le Slam de poésie, cliquez.]

Ce qui a animé le fondateur du Poetry Slam, Marc Smith* (à Chicago dans la seconde moitié des années 1980), c’est la volonté de dynamiser les soirées de poésie, afin de donner goût à la poésie à toute une portion de la population dont elle s’était aliénée. (Site de Marc Smith)

Je dirais plus simplement qu’il avait constaté que, à la tendance qu’avait la poésie à devenir de plus en plus hermétique – à force de recherche de fond –, s’adjoignait un certain laxisme de la part d’un nombre imposant de poètes dans la livraison orale et scénique de leur travail.

Prenons note : aussi hermétique pouvait être la poésie de Claude Gauvreau, par exemple, il ne se contentait pas de la mâchouiller en se tenant trop loin du micro lorsqu’il la disait. Il s’était préparé, il était concentré et il était bien présent sur scène.

Donc l’idée de métamorphoser ces soirées de « lectures » de poésie en de véritables matchs – avec des règles établies et des points qui sont de surcroît octroyés par le public –, s’est avérée hautement gagnante.

De fait, la dynamique est non seulement modifiée, mais elle se retrouve littéralement inversée : le maître n’est plus le poète s’imposant à un public qui, pour ne pas se faire traiter d’ignare, doit chercher à « percer » son œuvre ; en Slam de poésie, c’est le public qui est maître et le poète doit lui présenter une poésie vivante, chercher à lui plaire, si ce n’est à le toucher, l’émouvoir, le provoquer ou le troubler.

Si au départ l’ensemble des spectateurs participait au pointage des poètes et bénéficiait d’un peu trop de latitude, le principe d’un jury formé de cinq personnes choisies parmi les spectateurs pour les représenter, s’est imposé…

Pour faire image, je dirais qu’il n’y avait pas non plus intérêt à ce que ces soirées se transforment en « Gong Show », où l’on expulsait les participants à la chaîne, pour se délecter de leur humiliation… L’idée, visait à présenter la poésie oralement, et dans ses meilleurs atours, afin de créer une situation générant l’enthousiasme à son sujet.

Voilà pour ce qui préside à la naissance puis à la présentation du Slam de poésie. Maintenant…

J’entends parfois des commentaires de la part de slameurs au sujet des jurys, à l’effet qu’on préférerait avoir des personnes qualifiées pour accorder les points plutôt qu’un échantillon choisi aléatoirement pour représenter l’ensemble des spectateurs présents. Certains avancent le compromis de deux ou un seul juge permanent, qui revient chaque mois.

Je sais aussi que quelques-uns tentent l’expérience avec des juges disons plus « pertinents » (diraient-ils ?). Ils peuvent baptiser leur activité du nom qu’ils veulent, ils ne pourraient pas, s’ils maintiennent cette particularité, participer à la ligue québécoise, canadienne, américaine, française ou internationale, de slam.

L’essence même du « Poetry Slam », qu’on appelle ici « Slam de poésie », consiste à soumettre les poètes aux goûts populaires, ceux des spectateurs venus assistés à la joute. Vous vous souvenez, l’inversion dont je parlais plus haut : les spectateurs deviennent les maîtres. Que le jury soit formé par des gens sélectionnés parmi les spectateurs pour les représenter s’avère être le strict minimum.

Et ne parlons pas de l’effet de « clique » qu’entraîne indubitablement le fait de sélectionner – à la va-vite comme on peut – les juges parmi une « élite » de nos connaissances. Petit train-train chao-tidien. C’est immanquable, énéoué.

En ce qui a trait à la façon de choisir les juges et de les préparer, c’est une ou deux autres histoires… À venir.

Pour lire la suite, cliquez.

Aucun commentaire: