samedi 18 avril 2009

Le Slam en questions

Chronique d’un slammestre
André Marceau

Aléatoire. Aléatoire comment, le jury ?


Le Slam de poésie n’est pas un genre de poésie, ni même une forme ou un style…
Nous l’avons vu précédemment, le slam est un cadre, qui présente la poésie – et qui pose les poètes – dans une situation inusitée : la compétition.

Et celle-ci ne repose pas sur des textes envoyés par la poste et que liront des juges dans la tranquillité de leur foyer. Mais plutôt sur la prestation qu’on en fait, avec la fébrilité de la scène devant public. Qui plus est, le slameur n’est pas jugé par des pairs ou des spécialistes, mais par un jury constitué de gens spécialement puisés dans la salle pour représenter le public.

Le bon coup qu’a réservé à la poésie l’inventeur du Slam, Marc Smith (dans la seconde moitié des années 1980), consiste à prêter aux soirées de poésie le contexte des concours artistiques populaires – comme l’a fait pour le théâtre la Ligue Nationale d’Improvisation, quelques années auparavant.

Toute la magie du Slam repose sur cette inversion : le maître du jeu n’est plus le poète s’imposant à un public qui, pour ne pas se faire traiter d’ignare, doit chercher à « percer » son œuvre ; en Slam de poésie, c’est le public qui est maître et le poète doit lui présenter une poésie vivante, chercher à lui plaire, si ce n’est à le toucher, l’émouvoir, le provoquer ou le troubler.

Ainsi, la voix est accordée aux poètes, mais c’est au public qu’appartient le vote ! Voilà un des éléments essentiels à l’apport du Slam de poésie. Et qu’il faut préserver. On l’a vu dans la chronique précédente, un vote de la part de tous les spectateurs devient lourd à porter. En Slam on a vite choisi l’option de recourir à un jury formé de 5 personnes pour représenter le public.

On dit généralement en Slam que les membres du jury sont choisis aléatoirement. Mais il y a aléatoire et aléatoire. Si l’on souhaite appliquer un « aléatoire méthodique », on organisera carrément un tirage. Mais ça deviendrait assez lourd étant donné que les gens doivent être libres d’accepter ou non d’être juge et qu’ils devront être disponibles tout au long du match. Ou encore, on peut préférer laisser couler un aléatoire du « aller au plus simple et vite », ce qui risque d’orienter fortement la formation du jury, de le marginaliser, et de s’éloigner du but visé : représenter les spectateurs présents.

Aléatoire pour aléatoire, personnellement j’ai préféré, ici à Québec, proposer aux juges de ligne (au pointage et chronomètre) de constituer un jury qui soit représentatif de la variété qu’on retrouve chez les spectateurs. Un public légèrement majoritaire en bas de 35 ans ? Il y en aura donc trois dans le jury. Les deux autres auront 35 et plus. Des hommes des femmes… Nous prenons parfois un couple, ou deux amis venus ensemble, mais pas plus, afin d’éviter trop d’homogénéité.
Par ailleurs, n’oublions pas que les gens qui consentent à se prêter au rôle de juge font partie des spectateurs : ils sont venus pour avoir du plaisir, alors il ne faut pas le leur gâcher.

[Pour connaître les règlements par lesquels se définit le Slam de poésie, cliquez.]


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