samedi 9 mai 2009

Le Slam en questions

Chronique d’un slammestre
André Marceau

Doit-on préserver l’innocence du jury ?


Rappelons d’abord que le Slam de poésie propose au public un cadre électrisant pour la poésie, dont la dynamique repose sur la compétition. De plus, cinq personnes choisies parmi les spectateurs se retrouvent impliqués dans le jeu, puisqu’elles décident du gagnant par l’entremise des points qu’elles octroient aux slameurs.

[Pour connaître les règlements du Slam de poésie, cliquez ici].


J’ai déjà traité de certaines questions relatives au jury lors de deux chroniques précédentes du Slam en questions. Nous avons vu dans « Le jury à la barre des accusés ! » qu’il est primordial de choisir un jury non spécialiste, voire néophyte, afin d’obtenir l’inversion sur le monde de la poésie qu'opère le Slam : les spectateurs sont les maîtres du jeu et non les poètes. Ensuite, dans « Aléatoire. Aléatoire comment, le jury ? », qu’il faut que les cinq membres du jury soient représentatifs de l’ensemble de l’auditoire présent à la soirée (et comment s’en assurer).

Le mot « innocent », dans le Petit Robert, comporte diverses acceptions. Notamment celles 1- d’être reconnu non coupable (après avoir été soupçonné) ; ainsi que 2- de faire preuve de candeur ou de naïveté (d’ignorer certaines réalités, disposant le sujet à se faire abuser) ; et, finalement, 3- d’être niais, idiot. Cette dernière s’avère particulièrement usitée au Québec.

Alors, doit-on préserver l’innocence des juges relativement à la poésie et à certains phénomènes propres à ce genre de spectacles ou bien, au contraire les préparer dans le but d’éclairer les jugements qu’ils porteront tout au long de la joute ?

Un Slam de poésie n’est pas une sorte de « concours d’Elvis », ni une version parlée et a capella de Star académie !
Peut-être davantage que les poètes – slameurs – , ce qui est en jeu dans un Slam de poésie, c’est la poésie elle-même.

Étant donné que nous prétendons que le Slam peut servir à rendre la poésie accessible à tous, il est préférable selon moi (et SLAM cap) de fournir les outils aux gens (à plus forte raison les juges) pour départir le côté show-business de celui de la poésie. Car, enfin, ne prenons pas les gens pour des innocents (idiots) et saisissons plutôt l’occasion ainsi accordée de les sensibiliser tant soi peu à la poésie ainsi qu’au contexte particulier où elle leur sera présentée…

Par ailleurs, il ne s’agit plus simplement d’assister à un spectacle de qualité. En s’impliquant personnellement, les membres du jury vivent une véritable expérience. La situation dans laquelle ils se trouvent dépasse largement le simple fait de donner des points. De façon tacite, ils sont évalués à leur tour par tous les autres, tout au long de la joute : tant par les slameurs que par les spectateurs qu’ils représentent.

Le cadre compétitif implique un enjeu, pour les slameurs qui se prêtent au jeu ; il dépend de la présence des spectateurs venus passés un bon moment et qui demeurent simplement témoins du jeu ; il exige l’implication de cinq spectateurs qui acceptent de jouer le rôle des juges ; et, finalement, il nécessite l’animation et l’arbitrage d’un slammestre, secondé par un juge de ligne (au chronomètre et au comptage des points), pour la bonne marche du jeu et voir au respect des règlements et procédures qui le définissent. De ce cadre, découle des rôles différents, occupés par les gens en présence, dans une grande mise au jeu. Avec l’effet d’une sorte de zoom avant sur nos relations interpersonnelles en société. Si le slammestre prend la peine d’avoir une petite rencontre avec les membres du jury, afin de les préparer à l’expérience qu’ils vont vivre, il est évident que celle-ci s’avèrera beaucoup plus profitable pour eux. Je l’ai écrit dans une chronique précédente : les juges sont d’abord des spectateurs venus pour avoir du plaisir, ne le leur gâchons pas.

Il se fait tard. Cette chronique commence à se faire longue aussi.
Il reste à voir, concrètement, de quelle façon pouvons-nous préparer les juges avant la joute. Dans la prochaine chronique je vous dévoilerai l’approche que nous avons développée pour SLAM cap, à Québec

Veuillez noter que la chronique Le slam en questions, à partir de questions concrètes relevant de la présentation de Slam de poésie, vise à transmettre des informations, tout en proposant des réflexions et en provoquant des débats. N’hésitez pas à nous écrire vos commentaires.

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