jeudi 27 janvier 2011

Manifeste du TAP

Dans la suite de nos publications pour vous faire mieux connaître le Tremplin d’actualisation de poésie (TAP), nous publions ici le manifeste d’inauguration de l’organisme, écrit et publié en 1999.

Tremplin d’actualisation de poésie (TAP) - Manifeste

« Maturité de l’homme : cela signifie avoir retrouvé le sérieux que l’on mettait dans ses jeux, enfant. »
NIETZSCHE, Par delà bien et mal.

Sur cette terre presque ronde, le monde est carrément plate. Homo sapiens étouffe sous les étreintes bébêtes de cro-magnon et la poésie est réduite à sa plus simple expression : le papier ! Et encore, la poésie reçoit toutes nos sympathies.

Le mot « poésie » a pour racine le mot poiein (ancien grec), qui signifie « faire ». Que « fait » le poète? La poésie ne se résume pas à pousser un crayon… Le poète est un adulte qui persiste à jouer ; son jeu consiste à tenter d’unifier sa perception des infinis complexités du chaos, dont lui-même, dans son expérience intime. Pour ce faire, il porte un regard qui « fait », un regard créatif sur le monde, c’est-à-dire non mimétique.

Ainsi, la poésie se trouve à la base de toutes les formes de création : arts, sciences, religion, éthique. Le poète fait, c’est pour lui une expérience qui LE fait et LE fonde, à son tour, dans sa relation au monde. La poésie est une stratégie relationnelle, d’où émerge une spiritualité unique à chacun.

LAUTRÉAMONT professait qu’un jour tous seraient poètes. Avant lui NOVALIS affirmait que la poésie deviendrait LA religion* Tous deux, comme d’autres avant ou après eux, ont vécu la poésie en tant qu’apport de spiritualité. Mais rappelons-nous l’origine du mot « esprit » : il vient du latin spiritus qui signifie « souffle ». Il ne s’agit pas ici d’un souffle provenant de l’extérieur et reçu passivement, le respirateur artificiel que constitue le dogmatisme. Il naît chez l’individu humain, dans son intimité, pour s’actualiser en une stratégie relationnelle avec l’expérience douloureuse de l’altérité (ou – pour emprunter l’expression de CIORAN – avec « l’inconvénient d’être né »). « La vie est souffrance », disait Bouddha, probablement en riant car la sagesse sait qu’il vaut mieux en rire… Ce regard créatif, ce souffle, qui influe sur le réel, qui crée un lien intime avec lui, c’est le « faire » propre du poète. La poésie serait la forme la plus authentique de la spiritualité et de la religion : elle s’inscrit dans l’actualité du poète : dans la réalité de l’instant.

La principale cause de mortalité de la poésie, c’est son institutionnalisation. Le TAP est une mesure d’urgence pour la survie de la poésie. Tremplin d’actualisation de poésie, ce nom résume littéralement le mandat de l’organisme : servir de tremplin pour l’actualisation de la poésie… Qu’elle soit littéraire, sonore, visuelle ; poésie action ou performance ; poésie installation ou manœuvre poétique. La forme de l’actualisation n’a plus d’importance, nous souhaitons l’expansion – voire la popularisation – de la poésie, comprise comme stratégie relationnelle créative appliquée au quotidien, davantage qu’une profession avec son statut.

André Marceau, fondateur du TAP, 1999.

* Notons au passage qu’on attribue souvent comme source au mot « religion » le mot latin religare, dérivant de ligare, qui signifie « lier ».

Organisme à but non lucratif dûment incorporé (en 2000), le collectif Tremplin d’actualisation de poésie (TAP), depuis 1998, vise à donner aux poètes la possibilité de diffuser et de promouvoir la poésie dans l’actualité de leur milieu de vie.


Les photos

La première photo, on voit quelques-uns des participants à la Marche de la poésie 1999 en train d’afficher de la poésie sur un des piliers de l'autoroute Dufferin. Ce pilier allait devenir (pendant quelques années) le Pilier de la Paix. La Marche de la poésie 1999 fut organisée par André Marceau ; la deuxième: photo prise lors de la Procession des poteaux, à l'automne 1998. On aperçoit quelques participants autour de la sculpture-poème «Ce qu'on nous dit», une réalisation (sculpture et procession) de André Marceau.

1 commentaire:

Laval Chabon a dit…

Voici quelques comparaisons élégan⊥es en⊥re quelques mo⊥s du vocabulaire français qui m’on⊥ depuis ⊥oujours in⊥rigués, de par leurs simili⊥udes :
1°- Les mo⊥s poèmes e⊥ bohèmes. À les écou⊥er, ils n’on⊥ pas une bien grande différence. Les poèmes aimen⊥ les peaux e⊥ les po⊥s alors que les bohèmes aimen⊥ les beaux ou les labos.
2°- Pour les mo⊥s poésies comparés avec les plus purs e⊥ francs parlers québécois de pognez-y e⊥ aussi pas aisées, don⊥ les rapprochemen⊥s son⊥ ⊥rop souven⊥ conspués par un ⊥rop grand nombre de maî⊥res pudibonds de la bonne condui⊥e en socié⊥é, faire des différences es⊥ quan⊥ à moi inu⊥ile, soi⊥ du poin⊥ de vue li⊥⊥éraire que du poin⊥ de vue oral. De plus, les mo⊥s poèmes se prononcen⊥ exac⊥emen⊥ comme : pas aime. Alors il nous arrive de plus en plus souven⊥ de voir des poè⊥es-filles s’adresser à la foule en visan⊥ quelqu’un d’idéal dans un ⊥ex⊥e ou une parole pour lui pogner le. Zi, zi, oui! Y en a qui ne son⊥ pas compliquées en dévoilan⊥ candidemen⊥ leur dévolu, ⊥andis que d’aucuns y affichen⊥ un hermé⊥isme quasi absolu soi⊥ par un manque flagran⊥ d’expériences, en la ma⊥ière, ou bien démon⊥ren⊥ une hargne de ⊥ou⊥⊥e spec⊥aculaire par ce séduisan⊥ discours qui veu⊥ en quelque sor⊥e démon⊥rer aussi leur capaci⊥é analy⊥ique sur les ac⊥uali⊥és mondiales, en y me⊥⊥an⊥ une pincée d’ambi⊥ions cri⊥iques qu’ils espèren⊥ jus⊥e assez osée pour leur perme⊥⊥re, soi⊥ de bien s’amuser, soi⊥ encore e⊥ ⊥ou⊥ aussi bien de recevoir l’adula⊥ion de la foule pour en re⊥irer quelque fier⊥é personnelle don⊥ l’énergie ainsi développée devien⊥ un s⊥imulan⊥ de premier ordre pour passer au ⊥ravers des jours e⊥ des nui⊥s qui s’écouleron⊥ dans leur soli⊥ude jusqu’au prochain slam annoncé par M. André Marceau sur FaceDeBouc. La pognésie se dis⊥ingue aussi pour ceux qui en secre⊥ veulen⊥ se le faire pogner : la preuve du grec poïen provien⊥ le sens de créer e⊥ Dieu e⊥ nous e⊥ ⊥ou⊥ ce qui vi⊥ peu⊥ créer, donc pour nous, on doi⊥ se rendre à l’évidence, on ne peu⊥ pas créer sans l’honorable membre de la poésie ni celui de la pognez-y!