mercredi 29 juin 2011

Il n’a jamais fait de slam

Une chronique de Geneviève Lévesque

La chronique « Il/elle n’a jamais fait de slam » vise à faire connaître des poètes et leur poésie qui, bien qu’écrite pour le livre, peut susciter l’intérêt des amis du Slam. Puisque le blogue est d’abord et avant tout écrit (et non sonore, parlé ou vidéo), la publication de quelques poèmes s’avère appropriée.

Jacques Ouellet

Jacques Ouellet est né à Québec en 1947. Il a publié son premier recueil en 1987, Qui ose regarder, aux éditions Leméac, ce qui lui a valu le prix Octave Crémazie. Il a collaboré à des collectifs et à des anthologies dont une en traduction : DEMILUNES: Little windows on Québec, à Victoria, B.C, ainsi qu’à de nombreuses revues au Québec, en France et en Belgique : Regart, Levée d’encre, Le Sabord, Estuaire, Liberté, l’Écrit primal, Nouaison. Poète invité au Festival international de poésie de Trois-Rivières à quelques reprises, la série Les Poètes de L’Amérique Française l’accueillait en avril 2010. Au Noroît, il a fait paraître 4 titres dont le dernier en 2004, N’y allez pas.


À l’instar des autres poètes invités à la chronique « Il/Elle n’a jamais fait de slam », j’ai demandé à Jacques Ouellet de rédiger un court texte pour nous expliquer pourquoi il n’a jamais participé à un slam de poésie.

Je n’ai jamais fait de slam parce que :

La poésie peut aussi bien prendre la forme du slam sur une scène que la forme d’un silence sans commune mesure, vaste et contenu.
Explorer questionner douter traverser.
J’ai choisi entre les deux la voix du murmure. Cela m’est venu jeune par nécessité, par évidence alors qu’adolescent, j’ai une première fois entendu la parole du vent dans la cime d’un pin solitaire. Je l’entends toujours et cette expression me guide, je l’ai choisie, je la pratique.
Les voix se croisent nécessaires et multiples se font écho. Certaines me parlent et me font signe davantage que d’autres.
Je reste suspendu, impressionné par la performance des slameuses, slameurs.
J’emprunte un autre chemin.


Quelques poèmes
extraits de N’y allez pas

par Jacques Ouellet,
Éditions du Noroît, 2004





les vents sont ici des châteaux
tourelles d’air où s’achèvent
et recommencent tant de visages
usant leur cycle aussi sûrement
que la mer gruge le fer des parures

qui donc passe qu’on ne verra jamais
deux heures sonnent
la nuit ne sait toujours pas
l’invisible chemin à mesure
s’ébauche et disparaît









ce n’est pas fini on va
sans voir
l’herbe brûlée
l’affrontement de molécules
debout un peu penché
au bord de la lampe on attend
de la tête aux pieds
le vent de l’aube sur son corps vieillissant
on attend toujours
d’être ébloui



je t’offre à boire
tu as déjà bu

la lampe tempête
fouille ce que jamais nous ne fûmes

et si la lampe dérisoire allait
un tout petit instant
tenir tête au néant



- - -
Poèmes extraits de N’y allez pas, Jacques Ouellet, Éditions du Noroît,
100 pages, 2004.



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1 commentaire:

Anonyme a dit…

il y reste un couloir....